Châssis et origine particuliers
Chrysler cherche à développer une voiture pour concurrencer les Ford Thunderbird et Chevrolet Corvette tout en étant confortable. Elle doit aussi servir de vitrine technologique à la firme. Virgil Exner, chef du style Chrysler, impose la réalisation de cette voiture alors que le service marketing détermine que l’impact d’un tel projet sur l’ensemble de la gamme n’est valable que si la voiture est proche des autres modèles de la gamme.
La voiture sera donc produite sur la base des Chrysler Windsor et New-Yorker coupé, ceci permettant de prélever des organes mécaniques et carrosserie sur ces voitures.Les modifications sont donc d’ordre esthétique et surtout mécanique.
La voiture apparait en 1955 sous l’appellation 300 en référence à sa puissance (SAE).


Moteur :
La 300 est équipée du bloc Firepower 331 ci (5425 cm3) comprimé à 8 :1, élaboré en 1951 par Bob Rodger.
Il s’agit d’un V8 à 90° entièrement en fonte avec un vilebrequin en acier forgé et un arbre à cames avec traitement thermique spécifique. Le bloc V8 permet une légèreté et une résistance supérieures au 8 cylindres en ligne et un vilebrequin plus court (66 cm). Ce dernier tourillonne sur 5 paliers avec peu de sensiblilité aux torsions, avec un dessin en croix (4 manetons reçoivent chacun 2 bielles disposées tous les 90°) permettant un très bon équilibre dynamique avec un temps moteur tous les 90°.
Refroidissement liquide, contenance 24 litres.
Culasses à chambres de combustion hémisphériques, soupapes en tête inclinées de 53° entraînées par poussoirs mécaniques. Cette disposition nécessite une double rangée de culbuteurs par culasse destinée à améliorer le rendement volumétrique et thermique du moteur.
Distribution par un arbre à cames unique monté sur 5 paliers au centre du V. Les 4 rangs de culbuteurs sont actionnés par 16 tiges renforcés par 16 ressorts de soupapes. On trouve des poussoirs intermédiaires entre les cames et les tiges à commande mécaniques pour favoriser les régimes élevés. L’arbre à cames est entraîné par une chaîne de 68 maillons sans système de tension ni de rattrapage de jeu. Le profil de l’arbre à cames est modifié pour se rapprocher de celui adopté par Briggs Cunningham sur les prototypes C4R et C5R.
Allumage par distributeur à double rupteur permettant le montage en parallèle de 2 rupteurs décalés pour diminuer le temps d’ouverture des vis et donc d’augmenter la charge du circuit secondaire (étincelle plus forte).
Alimentation par 2 carburateurs Carter quadruple corps WCFB.
Echappement avec collecteur regroupant 4 échappements côté droit et 4 sur le côté gauche.
5424 cm3 (96,8×92,1 ), comprimé à 9,0 :1; 300 chevaux SAE.

Transmission :
Boîte de vitesses automatique Chrysler Torqueflite à convertisseur de couple hydraulique.
2 rapports, commande par boutons poussoirs.

Rapports de boîte : I. : 2,45 :1 ; II. : 1,45 :1.
Rapport de pont : 3,36 :1.
Châssis :
Reprend la structure du coupé Chrysler New-Yorker avec châssis surbaissé et rigidifié. Carrosserie due à Virgil Exner, chef du style qui adapte son concept de Forward Look
Empattement 126 pouces : 3,20m.
Suspension avant par roues indépendantes avec ressorts avant durcis, barre de torsion Chrysler spéciale, 40% plus rigide que les modèles standard.
Suspension arrière par essieu rigide avec ressorts hélicoïdaux à faible débattement en place des ressorts à lames semi-elliptiques, amortisseurs Oriflow tarés très fermes.

La ligne générale de la New-Yorker est conservée avec la calandre de l’Imperial et un traitement de la custode arrière dans le style de la Windsor.




Finition luxueuse avec intérieur cuir et aménagement complet incluant toutes les options disponibles sur la série New-Yorker.






Freins :
Tambours à l’avant et à l’arrière, diamètre augmenté par rapports à le New-Yorker.
Surface de freinage 1619 cm².
Pneus 9.00×14.
Direction :
Evolution :
1956 : Chrysler 300 B : Moteur 354 ci (5,787 litres, 100×92,1), 340 chevaux avec option taux de compression : 10,0 :1 et 355 chevaux.

1956 : Salon de Turin (ITA) : Chrysler contacte Ghia pour la réalisation d’un modèle unique présenté au salon de Turin (ITA), sur base Chrysler 300 C.
1957 : Chrysler 300 C : Moteur 392 ci, 6425 cm3 (101,6×99,2), alimentation par 2 carburateurs quadruple corps inversés Carter disposant chacun de leur filtre à air avec starter automatique et pompe à essence mécanique, taux de compression 9,25 :1, 375 chevaux SAE à 5200 tours, 58 Mkg à 4000 tours
Calandre redessinée de forme trapézoïdale, 2 paires de phares à l’avant et pare-brise Vista-Dome selon les canons du Forward Look défini par Virgil Exner. Nouvelles jantes 14″ en place des 15″.
Nouvelle suspension avant Torsion-Aire par barres de torsion en place des ressorts hélicoïdaux.
Conduits d’aération de freins avant depuis les prises d’air sous les phares.





La 300 est dorénavant disponible en version cabriolet.


1957 : Salon de Turin (ITA) : Présentation de la Super Dart 400 toujours réalisée par Ghia avec moteur Chrysler Hemi alimenté par 2 carburateurs quadruple corps développant 400 chevaux grâce au power pack amenant le taux de compression à 10,0 :1.



Intérieur avec 4 sièges baquet individuels et tableau de bord à cadrans ronds, boîte de vitesses automatique à 3 rapports Chrysler Torqueflite avec commande par boutons et console centrale courant sur toute la longueur de l’habitacle.





La voiture, fonctionnelle, reçoit aussi une climatisation Chrysler Airtemp, des vitres à commande électrique, des sièges avant à réglage électrique, une radio AM et un tourne-disque HiFi. Une direction assistée et des freins à disques à l’avant complètent l’équipement de ce modèle unique.
1958 : Chrysler 300 D : Suspensions modifiées et nouvelle direction.











La 300 Letter fait partie de la gamme New-Yorker et reçoit à ce titre une finition haut de gamme : garnitures en cuir, direction et freins assistés, vitres à commande électrique, rétroviseurs extérieurs réglables, siège conducteur à réglage électrique, climatisation Air-Temp, vitres teintées, dégivrage lunette arrière, antenne électrique, lave-glace, phonographe Hi-Fi, cruise-control Auto-Pilot et différentiel à glissement limité.
Chrysler propose une option injection Electroprojector fournie par Bendix augmentant la puissance à 390 chevaux. Les voitures ainsi équipées (35 exemplaires avec script Fuel injection sur l’aile arrière) sont rappelées et équipées de carburateurs pour palier au manque de fiabilité du système.
1959 : Chrysler 300 E : calandre modifiée à barres horizontales. Nouveau moteur Wedge Head 6,746 litres (106,2×95,2) Golden Lion (413 ci), admission Ram Air Induction consistant au montage d’une longue tubulure d’admission allant du carburateur au cylindre situé sur le banc opposé du bloc moteur avec dérivation du circuit de refroidissement permettant le contrôle du starter automatique et une amélioration de la lutte contre le givrage, 380 chevaux SAE à 5000 tours, 68,5 Mkg à 3600 tours.
1960 : Chrysler 300 F : calandre redessinée, forme trapézoïdale avec partie la plus large inversée vers le bas par rapport aux modèles précédents, une seule barre horizontale et une verticale en son centre avec le sigle Chrysler à leur jointure, feux avant rabaissés, nouveaux pare-chocs. Les voitures adoptent un mode de construction unitaire.



Nouveau tableau de bord Astradome, sièges séparés à l’avant et à l’arrière recouverts de cuir, sièges avant pivotants pour faciliter l’accès des passagers avant. Console centrale sur toute la longueur de l’habitacle incorporant les commandes de vitres électriques arrières.




Nouvelle tubulure d’admission Cross Ram, pour améliorer les reprises, arbre à cames plus pointu, alimentation par 2 carburateurs quadruple corps, échappement revu, 375 chevaux SAE. Chrysler fabrique aussi une version short-ram avec tubulures d’admission modifiées pour favoriser les haut-régimes et boîte de vitesses manuelle à 4 rapports Pont-à-Mousson.

Boîte de vitesses automatique à 3 rapports Chrysler Torqueflite A-727 à commande par boutons poussoirs.
La 300 abandonne le châssis séparé pour une structure autoporteuse.
1961 : Chrysler 300 G : Feux avant en position oblique, nouvelle calandre, arrière redessiné.






Abandon de l’option boîte manuelle Pont-à-Mousson pour une transmission manuelle à 4 rapports heavy duty Chrysler.
Jantes 15 pouces.
1962 : Chrysler 300 H : Plus d’ailerons arrières, coffre redessiné, allègement de 140 kg. Chrysler lance une série 300 moins élitiste succédant la la Windsor en coupé hardtop et convertible. La 300 H est uniquement disponible en coupé avec badges 300 H et intérieur à 4 sièges baquets et console sur toute la longueur de l’habitacle (banquettes sur les 300 de base). Empattement raccourci à 122″ (3,10m), longueur : 5,46m, largeur : 2,02m.
Abandon de l’admission cross-ram (néanmoins disponible en option), un carburateur quadruple corps, 380 chevaux SAE.
1963 : Chrysler 300 J : Nouvelle carrosserie basée sur la plate-forme Chrysler C (300, Newport, New-Yorker). La 300 est uniquement disponible en coupé avec gros montants de custode arrière. Dernière création de Virgil Exner en tant que responsable du style Chrysler. La finition est simplifiée, abandonnant les sièges pivotants, les sièges arrières individuels remplacés par une banquette, la console se limite aux places avant et les garnitures en cuir désormais disponibles en option.
390 chevaux SAE
1964 : Chrysler 300 K : la K est à nouveau disponible en coupé et cabriolet
Le moteur cross-ram de 390 chevaux SAE n’est plus monté en série, laissant la place au bloc L wedge de même cylindrée alimenté par un carburateur Carter quadruple corps AFB 3614S disposant de 360 chevaux.

Nouveaux sièges mieux rembourrés, abandon de la commande de boîte de vitesses par boutons pour un sélecteur sur la console centrale, nouveau dessin des feux arrières trapézoïdaux (ronds).
Empattement raccourci à 124″ (3,15m), longueur : 5,54m
Coupé :









Chrysler propose une série spéciale Silver Edition : Siver Mist avec toit vinyle, sièges baquet avant avec siège passager inclinable
Convertible :



1965 : Chrysler 300 L : Dernière année pour les Chrysler letters : Nouvelle carrosserie dessinée par Elwood Engels qui succède à Virgil Exner avec lignes droites et abandon du pare-brise panoramique. Empattement porté à 124 pouces (3,15m) et longueur à 5,54m (+ 3 pouces : 218,2″).
Abandon de l’option 390 chevaux. Choix entre la boîte de vitesses automatique Torqueflite à 3 rapports et une boîte manuelle à 4 rapports Hurst (sans supplément).
1966 : Chrysler présente un prototype en glaise 300M reprenant la ligne générale de la 300L ainsi que l’habitacle des 300 de base. Moteur 426 Wedge de 365 chevaux. Le projet est bloqué en novembre 1964 puis réactivé en 1965 avec cette fois un moteur 426 Hemi en option (US$ 1250). La production envisagée est de 4298 exemplaires dont 500 avec moteur Hemi. Le projet est finalement abandonné.
Participation en compétition :
Sous l’impulsion de l’industriel Carl Kiekhafer (fondateur de la firme de moteurs hors-bord Mercury), records de vitesses et victoires en courses de vitesse et de stock cars en 1955 et 1956.
05/1955 : La 300 atteint la vitesse de 130 mph.
27 victoires en Championnat, 10 victoires sur 13 courses disputées en catégorie AAA.
1956 : 22 victoires en Championnat sur 52 épreuves.
1957 : Arrêt de la participation en compétition.