Romano Artioli (ex-concessionnaire Ferrari, importateur Lotus, Suzuki et GM en Italie, activités réunies sous la holding Fisico) rachète la marque Bugatti à la firme Messier-Hispano-Bugatti (société d’aéronautique) qui ne veut plus s’occuper de production automobile. Artioli s’entoure de l’ingénieur Paolo Stanzani qui est chargé de donner vie à ce projet moyennant 35 % des parts.
Il crée la société Bugatti Automobili en 1987, à la suite de Bugatti International (holding luxembourgeois) avec un investissement de 500 millions de FFR et annonce une implantation à Modène (ITA) puis inaugure le Centre Culturel Ettore Bugatti à Ora, près de Bolzano (ITA) en 1989, qui devient le siège de la société Ettore Bugatti SRL. Ce bâtiment ultra-moderne se caractérise par une véranda en forme de fer à cheval.
L’usine de Campogalliano (ITA) est opérationnelle en 1991 avec pour vocation de produire la voiture EB110. Production prévue : 150 voitures de très haut de gamme par an. Le bâtiment est conçu par l’architecte Gianpaolo Benedini qui s’inspire des plans de l’usine historique de Molsheim (FRA). Cependant, Stanzani quitte la société dès l’été après une tentative avortée d’en prendre le contrôle.
Le transfert symbolique d’une flamme depuis l’usine Bugatti de Molsheim à la nouvelle usine de Campogalliano à lieu en septembre 1991. La flamme est installée dans un réceptacle en aluminium bouchonné et transportée dans une Bugatti type 57 Galibier (1934, # 57 224), par Roland Wagner.
La EB 110 (intervalle entre la naissance du « Patron » et la présentation de la nouvelle Bugatti) est présentée le 14 septembre 1991 à 14h30 à Paris (La Défense puis Champs Elysées, fondation Cartier à Jouy en Josas et Versailles). S’ensuit une tournée à Molsheim puis à Mulhouse (Musée Schlumpf).
Les voitures ont une garantie totale de 3 ans et sont importées en France par British Motors (58, rue Fontaine, 75016 Paris).
Cette voiture est conçue en utilisant des techniques aéronautiques avec pour partenaires Aérospatiale, Elf, Michelin…


Moteur :
12 cylindres en V entièrement en alliage léger de conception maison en position centrale longitudinale.
Bielles en titane.
Distribution par 2 arbres à cames en tête entraînés par cascade de pignons et 5 soupapes par cylindres
Alimentation par injection électronique Bugatti et suralimentation par 4 turbocompresseurs Ishikawajima-Harima avec pression de suralimentation de 1,05 bar, catalyseur conçu par Bugatti.
3499 cm3, taux de compression : 7,8 :1.
550 chevaux DIN à 8000 tours et 611 Nm à 4200 tours.



Transmission :
Transmission intégrale permanente avec 3 différentiels. Différentiel Thornsen monté à l’arrière, visco-coupleur central et arrière, répartition 28% sur l’avant et 72% sur l’arrière.
Boîte de vitesses à 6 rapports.
Rapports de boîte : I. : 3,76 :1 ; II. 2,52 :1 ; III. : 1,63 :1 ; IV. : 1,42 :1 ; V. : 1,15 :1 ; VI. : 0,95 :1.
Rapport de pont : 3,09 :1.
Châssis :
Châssis en fibre de carbone renforcée de plastique (CFRP)
Coque en carbone conçue avec l’aide d’Aérospatiale (15 kg). Structure très légère et très rigide avec utilisation de matériaux composites, les châssis des prototypes sont réalisés en aluminium (5 voitures), les 8 suivantes utilisent un châssis en matière composite.
Dessin par Marcello Gandini.
Contrat avec Messier-Hispano-Bugatti pour la conception de la suspension hydraulique à 4 roues indépendantes autorisant une variation de niveau à commande hydropneumatique mais le système est abandonné car trop onéreux et long à mettre au point.
La EB 110 reçoit des suspensions classiques à 4 roues indépendantes par triangles superposés,

Freins :
Disques ventilés à l’avant et à l’arrière, Brembo en fonte, diamètre 360/332 mm (av.:arr.). Des freins en carbone-céramique sont étudiés par Carbone Industries mais ne seront jamais montés.
Jantes en magnésium BBS 7J18/12J18, pneus spécialement mis au point par Michelin MXX 3, 245-45ZR18/325-30ZR18 (av./arr.).
Direction :
Crémaillère, assistée.
Evolution :
1992 : Lancement d’une version SS (Super Sport) : Puissance portée à 611 chevaux DIN à 8500 tours et 650 Nm à 4500 tours, pression de suralimentation 1,2 bar. Certains composants du moteur en magnésium ou en titane.

Allègement avec éléments de carrosserie en fibre de carbone ou d’aramide renforcés de plastique, sièges baquets, intérieur avec inserts en carbone et aluminium bouchonné.

Aileron arrière.

1993 : Présentation d’un prototype 4 portes EB 112.
Rachat de la firme Lotus.
09/1995 : Le nombre de commandes fermes est insuffisant pour couvrir les frais de recherche et de développement de la voiture ainsi que les investissements nécessaires à la construction de l’usine de Campogalliano et le versement des salaires.
7/04/1997 : Mise en liquidation de la firme Bugatti Automobili. Les actifs de la société sont rachetés Jochen Dauer (D), qui récupère aussi tous les outillages et 7 voitures EB110 plus 4 incomplètes qu’il finit d’assembler.